Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 17:29

 

 

Déclaration commune ERB/ BV lors du rassemblement du 03 Août 2014 à Moëlan/mer

 

 

Dominique Avelange

Bonjour à tous,

 

Nous représentons chacun officiellement une association de défense de l'environnement. Et c'est à ce seul titre que nous intervenons aujourd'hui  conformément à nos statuts.

 Jean Pierre parlera au nom de Bretagne Vivante, et moi-même au nom d'Eau et Rivières de Bretagne.

 En fait, nos deux associations ont suivi ensemble ce dossier grâce à la vigilance de nos adhérents et sympathisants locaux dont je salue la qualité du travail accompli.

 Ce travail a permis une analyse prudente des données transmises et une compréhension des risques encourus. Nos deux associations ont dressé le même constat et abouti aux mêmes conclusions.

 

Le 18 juin dernier, nous demandions à la Commission des cultures marines d'émettre un avis négatif sur le projet de cultures de macroalgues au large des côtes de la commune de Moëlan sur mer.

La Commission vient de rendre un avis positif sur ce projet.


Notre argumentaire repose sur les constats suivants :

- le projet déposé fait l'impasse sur les impacts environnementaux potentiels.

- le processus de la production est insuffisamment étudié, voire pas du tout pour ce qui concerne les transports.


L'avis favorable de la Commission ne tient aucun compte des conclusions du rapport d'expertise. Celui-ci préconise :

des structures de production de taille modeste,

des exploitations à taille humaine,

et avertit qu'il est illusoire d'envisager de se positionner d'emblée sur le marché mondial et de parier sur des exportations vers l'Asie.


Nous considérons  que les procédures de concertation démocratiques n'ont pas été respectées jusqu'alors :

-absence de concertation avec les associations environnementalistes

-enquête publique très « discrète » du 20/12/13 au 18/01/14.

Nous demandons à l'Etat la mise en œuvre effective d'une concertation. Les porteurs du projet, les sociétés Algolesko et Bamejyot, ne peuvent être les seuls entendus.

Trop de questions restent sans réponses. C'est donc pourquoi nos deux associations ont demandé au Préfet du Finistère un approfondissement des études et une mise en place d'un comité de suivi.

Maintenant, place à Jean Pierre qui va exposer avec plus de précision ce qui motive notre opposition à ce projet en l'état actuel.

 Merci

DSC07244

Rassemblement du 3 août, plage de Trenez (500 personnes)

L1340759 (1)


Jean Pierre Roullaud


Le projet Algolesko-Domejyot, c'est :

300 ha de concessions

Dont 265 ha de cultures monospécifiques d’une algue présente sur nos côtes bretonnes sur de faibles surfaces.

Quelle sera l’influence d’une telle monoculture sur le biotope présent ?

Quelle maîtrise ont les exploitants sur les risques environnementaux encourus ?

- Propagation de l’espèce : les exploitants disent la maîtriser en récoltant avant la reproduction. Maîtrisent-t-ils les tempêtes ?

- Maladies : L'apparition de maladies et autres organismes est inévitable.

Tous ces questionnements n’ont pas de réponse dans l’enquête.

La promesse de non-emploi d’intrants et de produits de traitement ne risque t-elle pas d’évoluer ? Une autorisation d'utilisation de ces produits n'est pas impossible dans les années à venir.

Nous avons déjà été échaudé par l'agriculture intensive, nous n’aimerions pas que cela se renouvelle en mer.

Aucune étude d’impact sérieuse dans l’enquête, le dossier se réfère aux données IFREMER, certes sérieuses. Mais ces données ne sont que le point 0 d’une évolution non étudiée à ce jour. Un point 0, c'est la référence de départ, pas le résultat d'une analyse à long terme.

Les risques environnementaux ne peuvent être pris à le légère. A

ce jour aucune donnée sur le suivi du site de Loctudy n’a été

fournie. Comment peut-on envisager un tel projet avant les

conclusions de ce suivi?


Ce projet est une opportunité pour des investisseurs, qui n’ont que

faire de l’environnement, des activités locales et des habitants

impactés.

420 KM de cordages

10000 bouées

300 blocs de béton

Ce qui compte pour eux, c’est le rendement du capital investi.


Parmi les nombreuses questions, il y en une qui suscite bien des

interrogations.

Elle concerne les arguments sur la rentabilité du projet tant dans le domaine de l’exploitation que l’exportation.

- Prix de revient de la tonne d'algues : 150 euros, la même algue est achetée 50 euros en Côtes d'Armor.

- Le déchargement et transport à Doëlan est des plus aléatoires

- Concernant la commercialisation : pour qui, pourquoi, où ?

Bien malin celui qui s'y retrouve.


Il est permis de douter des véritables objectifs du projet.

Ne serions nous pas en présence :

- D’une "pêche" aux subventions régionales, nationales et européennes.

N’oublions pas que le projet Breizhalg, créé à l’origine par des entreprises privées, n’est que la continuité du programme expérimental du plan national Idéalglui-même d'origine européenne.

 -D’une tentative de création d’un monopole?

Le principal actionnaire du projet, est un des plus gros mareyeurs de France.

Comme les agriculteurs qui n'ont aucun pouvoir face à E.Leclerc

et compagnie, les ostréiculteurs et algoculteurs pourraient se retrouver dans la même situation.

 

Car les concessions octroyées gratuitement aux porteurs du projet

pourront être revendues ou louées.


Il paraît inéluctable que les problèmes de mortalité sur les huitres

obligeront à terme de les élever en pleine mer. Comme dans la région de Paimpol, qui fournit la majorité de la production de la façade atlantique. La majorité des huitres que vous dégustez ne passe que quelques semaines sur leur soi-disant lieu de production.


N'oublions pas les ostréiculteurs

Si M Thaêron s’installe, il sera en capacité de dominer la production.

Les producteurs seront dans l’obligation de passer par lui pour bénéficier des espaces marins.

Il maîtrisera la chaine de A à Z, ils seront à sa merci.


Face à une telle menace pour l’environnement, pour les producteurs 

 locaux, pour les habitants et usagers de la mer, nous demandons au préfet et aux instances de refuser ce dossier.


Les conclusions du rapport d’expertise réalisé par le Conseil général de l’Environnement, le conseil général de l’Agriculture et de l’Alimentation, et demandé par le Ministére de l’Ecologie, du Développement durable et de l’énergie et le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentaion et des espaces

ruraux sont claires.



Ce rapport conseille pour les cultures d’algues

- Des exploitations à taille humaine ;

- D’associer toutes les parties prenantes : associations, producteurs et instances publiques dans une démarche de développement durable.

Et souligne qu’il est illusoire de se positionner sur le marché mondial :

150 euros en Sud Bretagne pour des algues cultivées

50 euros en Côtes d'Armor pour les Goémoniers qui récoltent des

algues dans le milieu naturel.

Et combien en Asie, quand on sait que les salaires sont de 10 à 20 fois

inférieurs ?


Tout le contraire dans ce projet :

- Enquête en catimini

- Dossier obscur tant au niveau environnemental, économique que technique.


Refusons la création d’un tel projet

Soutenons des initiatives à dimension humaine, créatrices d’emplois, plus respectueuses de l’environnement.


Non à ce projet démesuré

 

 

Non à l’accaparement de la mer par la finance, l’espace

marin doit rester disponible pour ceux qui y travaillent, et

pour ceux qui profitent de cet espace public.

Merci

 

DSC07045

Rassemblement du 19  juillet à Doëlan (300 personnes)


 

Communiqué fourni à la presse:

 Déclaration commune ERB/ BV du 26 juillet 2014 à Moëlan/mer

 Le 18 juin dernier, nos 2 associations, Eau et Rivières de Bretagne et Bretagne Vivante demandaient à la Commission des cultures marines d'émettre un avis négatif sur le projet de cultures de macroalgues au large des côtes de la commune de Moëlan-sur-mer, déposé par les sociétés Algolesko et Bamejyot.

Cette demande n'a pas été entendue par la Commission qui vient de rendre un avis positif sur ce projet.

L'argumentaire de notre demande construit après sollicitation de l'avis de spécialistes et d'acteurs de la filière repose sur les constats suivants :

  • le projet déposé fait l'impasse sur les impacts environnementaux potentiels d'un projet de monocultures monospécifiques de plus de 265Ha.

  • le processus de la production (séchage des algues, transports, gestion des déchets et leurs impacts sur le territoire et les riverains) est insuffisamment étudié, voire pas du tout pour ce qui concerne les transports.

  • l'avis favorable de la Commission ne tient aucun compte des conclusions du rapport d'expertise : « Expertise du projet de filière d'algoculture en Bretagne » (réalisé conjointement par le Conseil général de l'Environnement et le Conseil Gl de l'agriculture et de l'alimentation à la demande du MEDDE et du Ministère de l'agriculture et déposé en juillet 2012).

Celui-ci préconise :

  • de raisonner sur des structures de production de taille modeste car mieux adaptées à gérer la diversité des sites offerts par les côtes bretonnes

  • des exploitations à taille humaine

  • qu'il est illusoire d'envisager de se positionner d'emblée sur le marché mondial et de parier sur des exportations vers l'Asie

Et il conclut sur le fait que la création d'une telle filière économique ne pourra se faire sans une démarche de raisonnement en termes de DD associant toutes les parties prenantes accompagnées ici d'un effort d'information et de sensibilisation sur un thème totalement nouveau comme l'est l'algoculture.



Nous considérons que les procédures de concertation démocratiques soulignées par cette conclusion n'ont pas été respectées jusqu'alors :

  • absence de concertation avec les associations environnementalistes

  • enquête publique très « discrète » du 20/12/13 au 18/01/14

 

Nous appelons les services de l'Etat à mettre rapidement tout en œuvre pour que que ces procédures soient effectivement respectées et que soient apportées toutes les réponses aux différentes questions soulevées par ce projet. Les porteurs du projet ne pouvant être les seuls entendus, sauf à porter atteinte aux règles de notre démocratie républicaine.

 

Dominique Avelange pour Eaux et Rivières de Bretagne                    

Jean Pierre Roullaud pour Bretagne vivante SEPNB

Partager cet article
Repost0

commentaires