Réponse au commissaire enquêteur et à Naskeo environnement, suite à l’enquête publique.
Naskéo ennvironnement chargé du dossier Biogaz écrivait dans le dossier d’enquête :
‘’ Apporter une solution locale à la valorisation et au traitement des effluents d’élevage du bassin versant de la Baie de Concarneau afin de limiter la prolifération des algues vertes ‘’
Dans le rapport de la DREAL du 9 septembre 2012, il est notifié :
‘’ Le projet prévoit d’approvisionner l’unité de méthanisation par différents types d’intrants :
- des déchets solides ( fumiers, déchets verts et légumes, céréales issues de silos)
- des déchets liquides composés en majorité des lisiers provenant des exploitations agricoles du bassin versant algues vertes (BVAV) de la Baie de Concarneau
- des déchets solides et liquides à hygiéniser (croquettes, poissons, sang, …)
- des graisses à hygiéniser provenant des industries agro-alimentaires ou des STEP industrielles.’’
‘‘L’origine géographique annoncée des produits entrants privilégie le Finistère (Pays de Cornouaille). Le pétitionnaire indique toutefois que l’importation des déchets issus des départements voisins (Côtes d’Armor, Morbihan, Ille et Vilaine, Loire-Atlantique, Manche et Mayenne) sera limitée à 40% en cas de non disponibilité de certains déchets.
Les engagements de fournitures des intrants fournis par la société Biogaz concernent 1830T/an de fumiers sur les 50000tonnes de capacité de traitement annoncée ( soit 3.7%) . La société précise toutefois qu’elle a transmis un volet confidentiel relatif à l’étude du gisement des déchets potentiels à traiter ; l’AE note que l’absence d’éléments , dans le dossier , quant à la nature des déchets ne permet pas d’apprécier le réel impact de ces dossiers.’’
Réponse de Naskéo à l’enquête publique :
‘’Biogaz de Bannalec est avant tout une unité territoriale de traitement de déchets et n’est en aucun cas adossé à des élevages ou à un nouveau projet d’exploitation porcine’’
‘’Après études détaillées et suite aux différentes remarques des services administratifs, l’unité de méthanisation ne traitera que 4000 tonnes de fumier au lieu des 12500 annoncées.’’
Naskéo nous répond qu’il n’utilisera que du fumier, pourquoi deux informations différentes ?
Une pour le public, une autre pour la DREAL ( Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).
Il n’est pas notifié l’abandon du traitement des lisiers du bassin versant de la Baie de Concarneau.
La DREAL confirme la présence d’un dossier confidentiel sur les apports
- les origines et apports des lisiers étaient vraisemblablement dans la partie fournie à la
DREAL
- à quelle organisme le dossier complet a-t-il été fourni ?
- Naskeo dans sa réponse à l’enquête écrit :’’ l’étude de l’origine, dont une partie a été transmise à la DREAL indique l’identification de plus de 80000 tonnes de matières premières captables dans un rayon de 50km.’’
L’éventualité d’apports extérieurs à la région, provoquera inéluctablement un apport supplémentaire en éléments fertilisants des sols, déjà en excès.
Dans notre déposition, Bretagne vivante met en cause l’augmentation des effectifs dans les productions bovines, avicoles et porcines sur le bassin versant.
Les contradictions sont évidentes
- la possibilité de fournir du fumier sans reprise équivalente de digestats, permettra à ces exploitants d’augmenter leurs troupeaux de bovins ou leur élevage porcin ou avicole.
- La fourniture de lisiers est évidente, simplement ignorée dans les dossiers fournis au public.
Cette usine ne résoudra pas le problème des algues vertes, mais permettra d’augmenter le
potentiel productif du bassin de la Baie de Concarneau.
Naskéo écrit au sujet des digestats :
‘’ De plus, le digestat est un produit majoritairement et donc rapidement consommable par les plantes. Ainsi on estime que 70% de la teneur en azote est disponible pour la culture suivant l’épandage, contre 30 à 40% pour un fumier de bovins’’
‘’Les cultures concernés par les épandages ( maïs , colza, ray grass) seront en mesure de fixer les éléments fertilisants avant la période hivernale. Aucun épandage ne sera effectué avant implantation de céréales d’hiver.’’
La minéralisation de l’azote, de l’état organique à ammoniacal puis nitrique est un processus naturel, son facteur polluant est lié à la possibilité de la plante de capter au moment opportun cet élément, dans le cas présent, il est notoirement connu que les semis automnaux de colza
se développent au printemps, il en est de même pour les maïs. L’épandage des digestats ne peut se faire qu’avant les semis, provoquant des lessivages tout hiver pour le colza et au printemps pour le maïs.
L’azote résultant de la minéralisation lente des humus est beaucoup moins polluante.
La DREAL préconise un retour sur le même parcelle tous les 4 ans, Naskéo tous les 2 ans.
Le plan d’épandage est trop limité. Un épandage tous les 4 ans porte la charge azotée à 172kg/N à l’hectare.
Concernant les bilans CORPEN, les valeurs retenues en exportation se réfèrent toujours à des rendements optimums, ce qui n’est pas toujours le cas.
Nous avions signalé l’aberration de méthaniser du fumier, le commissaire enquêteur lui, trouve aberrant notre remarque, mais s’en remet à la communauté scientifique.
Il me semble que nous sommes bien loti à Bretagne vivante avec la présence de Daniel Yves Alexandre, docteur és-sciences en écologie, ayant réalisé des recherches sur les humus.
La présence éventuelle de germes se développant en milieu anaérobie, comme les germes botuliques, doit être prise en compte plus sérieusement. Toute proximité avec des cultures maraîchères doit être évitée. L’exploitation de M et Mme Poupon à Rosquérou bihan est cernée par le plan d’épandage.
Concernant la diminution des gaz à effet de serre, Naskéo écrit :
‘’ Diminution du CO2 produit par le transport des matières premières en situant le site à moins de 50km de chacun des points de collecte( à ce jour bon nombre des déchets identifiés parcourent des distances bien supérieures pour atteindre leur lieu de traitement)
Elimination du CO2 et du N2 produit par la biomasse stockée à l’air libre (EX ; fumiers agricoles, matières stercoraires) en méthanisant ces matières en milieu confiné.’’
Nous ne pouvons approuver la diminution du CO2 produit par les transports, tant que l’origine des apports nous est cachée.
Concernant le CO2 cette affirmation est fausse, car le méthane est brûlé pour faire de l’énergie, que le CO2 sorte du fumier ou d’une chaudière, le résultat est équivalent.
Notre atmosphère est composée de 78% de N2 ( azote), inutile de s'attarder sur cet argument sans fondement.
La méthanisation est envisageable pour des structures de production, comme des exploitations agricoles, mais pas pour des projets industriels qui provoquent plus de problèmes environnementaux qu’ils n’en résolvent.
Des entreprises, comme les Etablissements Tallec, peuvent y être associées, mais dans un cadre bien défini.
Dans toutes les configurations, un engagement de la part des fournisseurs, agricoles plus spécialement, est indispensable pour éviter que cette technique ne provoque une augmentation de la charge en éléments fertilisants, azote et phosphore principalement, et une accumulation des métaux lourds sur les terres servant de plan d’épandage.
La méthanisation ne doit pas servir d’alibi à la surenchère productiviste de notre région.
Face à tant d’imprécisions de la part de Naskéo et à l’inexpérience du commissaire enquêteur dans ce domaine, reconnue par lui-même, les associations de défense de l’environnement ne peuvent que se mobiliser pour contrer ce projet contraire aux objectifs recherchés.